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Suggestions à lire, écouter, voir

Nos sélections

Avant-première rentrée littéraire

Théa
21 août 2017

La rentrée littéraire arrive à grands pas ... Découvrez-en ici un petit avant-goût, sélectionné et commenté pour vous.

Les ouvrages seront bientôt disponibles à la médiathèque, vous pouvez dès maintenant les réserver.

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Les derniers jours de l'émerveillement

Graham Moore (1981-....)
Cherche midi

Note : 5/5

1888, à New-York. Paul Cravath est un jeune avocat ambitieux. Engagé par George Westinghouse, il défend celui-ci dans le procès qui l'oppose à Thomas Edison au sujet du brevet sur l'ampoule électrique. Propulsé au coeur d'une bataille juridique épique et sans merci, Paul Cravath use de toute son énergie pour défendre son client face au riche et puissant « sorcier », ainsi qu'est surnommé Edison. Malheureusement pour lui, il se rend compte assez vite que tous les coups sont permis dans ce duel qui a pour enjeu le contrôle du gigantesque marché de l'électricité en pleine expansion à cette époque. Petit poisson dans ce monde de requins, il doit alors compter sur toute son audace et sa ténacité pour faire face et trouver la faille. Dans ce roman, mélange subtil de fiction et de réalité, on a l'impression de vivre les coulisses d'un événement historique qui a changé le monde à travers les yeux d'un homme normal qui s'y retrouve mêlé presque malgré lui. L'histoire de ce duel judiciaire est palpitante, pleine de rebondissements, et sans cesse relancée grâce à de nouveaux personnages souvent connus et parfois surprenants qui s'invitent dans le récit. Un roman totalement prenant et passionnant, sur un sujet, l'électricité, qui n'avait a priori rien pour l'être. Une très belle surprise !


Mon amie Adèle

Sarah Pinborough (1972-....)
Préludes

Louise, assistante médicale, est tombée amoureuse de David, son nouveau patron. Si son fils qu'elle élève seule n'est pas un frein pour sa nouvelle liaison, la femme du psychiatre, Adèle est un véritable dilemme. Contre toute attente, Louise se lie d'amitié avec Adèle et se met à douter de la perfection de David qui soumet Adèle à une pression jalouse insoutenable. ­Electre 2017


Underground railroad : roman

Colson Whitehead (1969-....)
Albin Michel

Géorgie, milieu du 19e siècle. Cora, 16 ans, est esclave dans une plantation de coton. Un roman plein d'émotions mêlées et contradictoires : espoir, déception, peur, haine. Le « chemin de fer souterrain » devient ici synonyme à la fois d'espoir et de liberté, mais aussi de cette obligation de se cacher, de se terrer comme des rats. Colson Whitehead dresse un portrait sans concession de cette nation américaine qu'il considère comme « une illusion, la plus grande de toutes » fondée sur « le meurtre, le vol, la cruauté ». Un roman sombre, puissant, poignant.


Leur séparation

Sophie Lemp (1979-....)
Allary éditions

Note : 4/5

Sophie Lemp nous livre ici un témoignage plein de pudeur sur la séparation de ses parents, lorsqu'elle avait dix ans. Cette séparation reste pour elle une blessure, un traumatisme. Elle l'a vécu comme une sorte de deuil, le deuil de sa vie « d'avant », le deuil de « ses parents » qui sont devenus « son père » et « sa mère ». Elle retranscrit également très bien les différents sentiments provoqués par la séparation de ses parents : déni, colère, culpabilité. Sentiments que connaissent bien tous les enfants de divorcés. Et c'est là le tour de force de ce roman : Sophie Lemp, tout en nous livrant un témoignage totalement personnel, parvient à en faire un récit finalement très universel, dans un équilibre subtil entre pudeur et émotion. Un très beau texte, très touchant, dans lequel beaucoup d'enfants de divorcés se reconnaîtront …


La maison des Turner

Angela Flournoy
les Escales

Note : 4/5

Detroit, 2008. Confrontés à la maladie de leur mère et à la crise financière, les treize enfants Turner doivent se résoudre à se débarrasser de la maison familiale. Nous plongeons ainsi dans l'histoire de cette famille, à travers différents personnages et différentes époques qui s'entremêlent : depuis le père, Francis, qui quitte sa campagne en 1944 pour venir chercher du travail à la ville, jusqu'aux enfants, en 2008, qui ont chacun leur vie et leurs propres problèmes. On voit à quel point la vente de la maison, cette maison qui est leur point d'attache et le lieu de tous leurs souvenirs d'enfance, suscite des réactions très différentes chez les enfants. Les relations entre les enfants sont d'ailleurs très bien décrites par l'auteur : mélange de jalousies, de petits conflits et d'une solidarité et d'un amour pourtant indestructibles. Les personnages sont extrêmement attachants, tous d'une façon différente : le père et les démons du passé qui le hantent, la mère qui mène son monde malgré l'âge et la maladie, l'aîné accablé par les responsabilités, et la benjamine paumée et à la dérive. le roman est aussi une peinture de l'Amérique sur près de six décennies : de la situation des noirs dans les années 1940, jusqu'à la crise financière et immobilière de 2008. Un très joli roman familial, plein de tendresse. On s'attache à cette famille et à leur maison, qui est le ciment de leur unité et qui a vu défiler tous leurs petits et grands drames mais aussi tous leurs petits et grands bonheurs.


Summer : roman

Monica Sabolo (1971-....)
JC Lattès

Note : 4/5

Summer, 19 ans, a disparu sans laisser de traces, un été, il y a 24 ans. Cet événement a bouleversé la vie de sa famille, et en particulier de son petit frère, Benjamin, alors adolescent. On retrouve ici Benjamin 25 ans après la disparition de cette sœur qu’il idolâtrait. Alors qu’il pensait avoir tourné la page, le traumatisme remonte brutalement à la surface. Il fait des cauchemars où il voit Summer plongée sous l’eau, entravée par des algues aux allures de monstres marins, et qui essaie de lui crier quelque chose. Il cherche alors à comprendre la disparition de sa sœur et ses recherches vont mettre à jour beaucoup de souvenirs occultés, de non-dits et de secrets bien gardés. On n’est pas ici néanmoins dans un thriller, l’ambiance est plutôt sombre, mélancolique, introspective. On plonge dans les souvenirs et le mal-être de cet adolescent dont la vie a basculé un beau jour d’été, et dans les secrets de cette famille pour qui la préservation des apparences est une priorité. Un roman grave, troublant, captivant.


C'est le coeur qui lâche en dernier : roman

Margaret Atwood (1939-....)
Robert Laffont

Note : 4/5

Suite à une crise économique, Stan et Charmaine, jeune couple, se retrouvent condamnés à vivre dans leur voiture. Désespérés et sans le sou, ils finissent par être recrutés dans un nouveau projet de communauté idéale, qui promet à chacun un toit et une vie confortable, un mois dans la ville de Consilience, un mois dans la prison de Positron, en alternance avec un autre couple. Tout semble aller pour le mieux, dans cet univers aseptisé, où ils ont une vie confortable et ne se posent pas trop de questions. On découvre vite néanmoins l’envers du décor de ce huis-clos à mi-chemin entre « Big brother » et « Soleil vert ». Après cette première moitié du roman assez sombre, l’intrigue vire de manière assez surprenante au loufoque, sur fond de vaudeville (amants, maîtresses et quiproquos), d’espionnage amateur (avec camouflage en sosies d’Elvis et de Marilyn) et de robots sexuels plus vrais que nature. Un roman à la fois très drôle, grâce aux situations assez abracadabrantesques de la deuxième partie, mais en même temps réellement sombre, glaçant, et cynique, sur les dérives de la société et le contrôle des individus, mais aussi sur la noirceur des individus eux-mêmes.


Un astronaute en Bohême

Jaroslav Kalfar
Calmann-Lévy

Note : 3,5/5

Dans « Un astronaute en Bohême », nous suivons l’épopée de Jakub, astrophysicien, premier astronaute de l’histoire de la République tchèque, embarqué pour une mission spatiale de huit mois en solitaire. D’abord source de fierté, cette mission va rapidement se révéler frustrante, quand Jakub apprend que sa femme le quitte et qu’il ne peut rien faire, coincé dans son vaisseau à des années-lumière de la Terre … Son isolement lui donne ainsi l’occasion de réfléchir sur sa vie, son couple, et de nous retracer son histoire et celle de sa famille, prise dans les soubresauts de l’histoire tchèque. On en apprend au passage beaucoup sur l’histoire de ce pays, méconnue, et sur la magnifique ville de Prague. Il y a aussi pas mal d’humour, avec en filigrane une critique de la vie moderne et de la société de consommation. Un bémol néanmoins sur la présence de Hanus, compagnon de voyage imaginaire/extraterrestre/ on-ne-sait-pas-trop  de Jakub. J’aime le fantastique d’habitude, mais j’ai trouvé que ça tombait ici comme un cheveu sur la soupe : c’était pour moi assez superflu et l’auteur aurait pu trouver d’autres moyens pour accompagner Jakub dans ses réflexions philosophiques que celui-là. Au final, quand même, une très jolie réflexion sur le sens de la vie, les priorités qu’on se donne, et le poids de l’héritage familial.


Mon gamin : roman

Pascal Voisine
Calmann-Lévy

Note : 3,5/5

Quand Thierry Poivet apprend la mort de sa belle-mère, il prend la route de Champs-Choisy, le village de son enfance, où il n’a plus mis les pieds depuis quarante ans. A cette époque, en 1977, il était un adolescent de quatorze ans passionné de musique. Il était inséparable de Francis, jeune handicapé mental pensionnaire de l’hôpital psychiatrique du village, qui le suivait partout et veillait sur celui qu’il appelait « mon gamin » comme sur la prunelle de ses yeux. Cette vie insouciante a basculé brutalement le 16 août 1977, alors que les télévisions et radios du monde entier ne parlaient que de la mort d’Elvis Presley. Un roman grave et mélancolique sur la perte de l’innocence, sur la force de l’attachement aussi, qui pousse certains à tout faire pour protéger ceux qu’ils aiment. J’ai beaucoup aimé le personnage de Francis, si attachant et tellement touchant dans sa volonté de protéger Thierry. J’ai en revanche été un peu gênée par la morale de l’histoire : fuir devant ses responsabilités et laisser les autres les assumer et en souffrir. Au final, un premier roman bien écrit et intéressant, malgré quelques bémols. 


Mon autopsie

Jean-Louis Fournier (1938-....)
Stock

Note 3.5/5

Dans ce nouveau livre, Jean-Louis Fournier imagine qu'il est mort, et comme il a donné son corps à la science, qu'une jeune étudiante en médecin l'autopsie. Il a surnommé la jeune étudiante « Égoïne », à cause de la scie qu'elle utilise pour l'autopsier. Cette autopsie devient vite un prétexte à des digressions autobiographiques, sur sa jeunesse, la religion, les femmes, ses enfants, mais aussi à un examen de conscience, et l'auteur en profite pour s'excuser ou remercier diverses personnes qui ont traversé sa vie. Derrière l'humour noir apparent, il y a finalement beaucoup de lucidité, et l'aveu sans fards de ses angoisses et ses failles.


Eleanor Oliphant va très bien

Gail Honeyman (1972-....)
Fleuve éditions

Note : 2,5/5

Eleanor Oliphant est une jeune femme de trente ans très solitaire et peu à l’aise en société. Quand elle tombe amoureuse d’un jeune chanteur vu à un concert, elle décide de changer de vie. Jusque-là, me direz-vous, on s’attend donc à un feel-good-book : la jeune demoiselle timide et mal dans sa peau qui se métamorphose et change de peau pour conquérir l’homme de ses rêves. Que nenni ! Un peu induite en erreur par le résumé, j’ai malheureusement été très déçue par ce livre, pour plusieurs raisons. L’héroïne, d’abord, à qui je n’ai pas réussi à m’attacher. Si elle est effectivement mal dans sa peau, et parfois touchante, elle m’est apparue également à certains moments (surtout au début) assez froide voire hautaine. On ne comprend les raisons de son attitude qu’à la fin du livre, ce qui est vraiment dommage. Je n’ai pas aimé non plus du coup la façon dont l’auteur développe toute cette intrigue autour du « elle a vécu un drame quand elle était jeune ». Il y a de nombreuses allusions, mais ça ne va jamais jusqu’au bout. On a l’impression que l’auteur nous a mis des grosses pancartes rouges clignotantes « attention, il y a un secret », des fois qu’on n’aurait pas compris. Plus globalement, l’histoire est assez cousue de fil blanc : la romance avec le chanteur, les (nombreux !!) drames vécus dans son enfance, les changements dans sa vie du jour au lendemain, … Bref, vous l’aurez compris, je n’ai pas aimé ! J’ai trouvé Eleanor peu attachante, l’intrigue assez peu intéressante, et le livre looong … Dommage, car j’attendais ce livre avec impatience au vu des critiques tout à fait élogieuses en Angleterre et aux Etats-Unis, où le livre est un vrai phénomène !